Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La passionnante vie de Naëlle

9 mai 2013

Tag : 11 auteurs

J’ai l’impression de passer plus de temps à répondre à des tags qu’à rédiger de vrais articles… Vilaine moi. Voici donc le tag en question : faire la liste de 11 auteurs qui nous ont fait grandir. J’ai été taguée par Françoise Grenier Droesch, une copine de forum.

J.K. Rowling
Elle est incontournable pour bon nombre de personnes – dont je fais partie – qui ont grandi en même temps qu’Harry Potter. C’est elle qui m’a donné le goût de la lecture, j’avais 11 ou 12 ans et le deuxième film était sur le point de sortir, je crois. J’ai tout dévoré jusqu’au tome 4, puis j’ai attendu impatiemment le tome 5, je me suis fait spoiler la mort de Sirius (je n’ai pas pu me concentrer pendant toute l’heure d’histoire qui suivait, c’est dire si j’ai été choquée), j’ai failli pleurer à la fin du tome 6, j’ai relu plusieurs fois le tome 7 avant d’être absolument sûre que non, je ne me suis pas trompée, ce dernier tome est chiant à souhait.

Haruki Murakami
Je l’ai découvert assez récemment mais je me suis déjà enfilé 6 ou 7 de ses livres. Une révélation pour moi, parce qu’il aborde des thèmes universels, qui touchent beaucoup de personnes, comme la recherche de soi, de l’âme sœur, le monde de fous dans lequel on vit, tout ça. J’aime aussi beaucoup comment le rêve et la réalité se confondent au point de ne plus savoir où on est (cf. Kafka sur le rivage ou, si vous êtes du genre tenace, la trilogie 1Q84).

Raymond E. Feist
Feist a écrit beaucoup de choses mais je n’ai lu que La Trilogie de l’empire et Krondor : la guerre des serpents. C’est la Trilogie de l’empire qui a été une claque parce que, pour la première fois, je lisais une histoire dans laquelle l’héroïne ne se laissait pas du tout marcher sur les pieds. J’ai adoré tous les complots politiques et les ruses qu’imagine Mara (l’héroïne) pour protéger sa terre et ses gens et s’élever tout en haut de l’échelle.

Kazuo Ishiguro
Auprès de moi toujours est un putain de roman. À la fin, j’avais très envie de pleurer. Ҫa parle de la vie, de la mort et c’est bouleversant. (C’est très instructif, comme commentaire, hein ?)

Edmond Rostand
Là, je copie un autre copain de forum, Didier Fédou. J’ai lu Cyrano de Bergerac en 4e et ç’a été le coup de foudre. Quand on lit cette pièce, on dirait que l’auteur a écrit ça d’un coup, avec facilité. Ҫa glisse tout seul et pourtant c’est des vers, ça pourrait être un peu ardu, avec des inversions à la Racine, tout ça. Sauf que non, c’est limpide, on ne dirait pas qu’on lit des vers. C’est limpide et c’est drôle, beau, émouvant. Cyrano a un charisme fou. Sa tirade du nez est cultissime et j’éprouve une certaine sympathie pour la ballade où, à la fin de l’envoi, il touche. Bref, si je devais écrire une pièce en vers, ce serait une pièce comme ça.

Primo Levi
Si c’est un homme, évidemment. Qui montre bien la nature humaine. Le poème est à pleurer.

Odile Weulersse
Une auteur de romans historiques pour la jeunesse. À un moment, j’ai eu dans ma bibliothèque tout ce qu’elle avait écrit. C’est avec elle que j’ai découvert, dans L’Aigle de Mexico je crois, que les histoires ne se terminent pas toujours bien. Une grosse claque pour la gamine naïve que j’étais.

Annie Jay
À la poursuite d’Olympe est le premier livre que j’ai relu plusieurs fois. C’est aussi le livre de jeunesse qui a éveillé ma passion pour la période de Louis XIV. J’ai lu un tas de livres sur cette période, par la suite, aussi bien en jeunesse qu’en adulte : Complot à Versailles (sympa) de la même auteur, Les Colombes du Roi-Soleil (bof) dont le nom de l’auteur m’échappe, La Fontainière du Roy et sa suite Les Ombrelles de Versailles de Jean Diwo (très bien), L’Insoumise du Roi-Soleil de Jean-Michel Riou (un peu trop philosophique pour l’âge que j’avais, mais très bien). En plus, ce que j’aimais bien avec l’héroïne, c’est qu’elle est dégourdie.

Alfred Musset
Je ne saurais pas trop expliquer pourquoi j’aime Musset ni ce qu’il m’a appris. Je me souviens d’avoir eu un coup de cœur pour Les Caprices de Marianne. Marianne était insupportable, mais j’aimais bien ses deux amoureux, surtout Coelio.

Diana Wynne Jones
Je n’ai lu d’elle que Le Château de Hurle, qui a inspiré Le Château ambulant. C’est bien écrit, drôle, imaginatif, original, beau, palpitant, et je pourrais continuer longtemps. Hurle et Sophie sont vraiment des personnages à part, comme on en voit peu. « Quand je serai grande, je veux être comme elle ! »

Chrétien de Troyes
J’ai peiné à le trouver, ce dernier auteur. Mais en fait je me suis rendu compte que j’ai un souvenir assez précis de chacun de ses romans, même s’ils ne m’ont pas tous passionnée. J’ai été impressionnée par sa capacité à dire plusieurs choses qui peuvent sembler contradictoires en l’espace de quelques vers (on sent le cours de littérature, là ? C’est normal).

Et voilà, c’est fini ! Je tague Anassete, Flora, et c’est tout vu qu’Acid-Brain est une feignasse ! :D

Publicité
29 mars 2013

Lectures de l'hiver

Je suis en retard d’une semaine, oui, je sais. Mais, comme d’habitude, je me suis mise à rédiger mes commentaires à la dernière minute. Donc j’ai galéré à me souvenir de tout ce que je voulais dire et, une fois de plus, ça m’apprendra à ne pas rédiger dès la fin de la lecture. Attention, cet article spoile beaucoup.

Le Secret de Ji, intégrale volume 2
Pierre Grimbert

Étant donné que j’ai déjà donné un résumé de l’histoire et un avis sur l’univers, je n’ai plus qu’à parler de la fin.

Malgré les défauts déjà cités, j’étais passionnée par la chose. Mais j’ai quand même grincé des dents lorsque j’ai vu que les personnages partaient chacun de leur côté pour se comporter d’une manière tout à fait héroïque (comprenez « débile ») : Rey s’en va tranquillement en territoire ennemi dans l’idée de tuer le grand méchant. Logique. Tout aussi logique le fait qu’il ne soit qu’emprisonné et non tué une fois sa tentative avortée. Encore plus idiot : Lana et Corenn qui veulent parlementer et se rendent toutes les deux devant Saat. C’est beau, la naïveté. Évidemment, tout ça échoue. En fait, on a l’impression que l’auteur ne voyait pas comment rassembler tous ses personnages à l’endroit de la bataille. Heureusement que les autres sont là pour agir utilement. Fin décevante, aussi, parce qu’elle finit de manière assez abrupte et nous dit, en gros : « Allez, rendez-vous au prochain cycle, hein ! »

Bref, mis à part ces petits bémols, j’ai bien aimé ce volume 2 et Le Secret de Ji en général, même si ce n’est pas non plus inoubliable.

Les Enfants de Ji, intégrale volume 1
Pierre Grimbert

Du coup, en bonne poire que je suis, j’ai enchaîné avec Les Enfants de Ji (intégrale volume 1), que j’ai sur mes étagères depuis des années. C’est du même niveau que Le Secret de Ji, mais en moins drôle et avec moins de suspense.

L’histoire est globalement la même : les héros du Secret de Ji sont enlevés mystérieusement, laissant leurs enfants (ceux qui portent les pendentifs qui protègent contre les pouvoirs des dieux) dans le flou total et en danger parce que des tueurs sont à leur poursuite. Notez qu’il n’est pas venu une seule fois à l’esprit des parents de révéler leur histoire à leurs enfants alors que la menace de la fin de la saga précédente était toujours là. Bref.

C’est bien qu’il y ait moins de suspense (on connaît déjà l’histoire des parents, on sait donc déjà qui est derrière cet enlèvement), parce qu’au bout d’un moment c’est lassant. C’était drôle au début, avec la rivalité entre Amanon et Keb pour Eryne (insupportable au début, soit dit en passant), mais par la suite ce petit jeu devient lourd. Le béguin de Keb pour Eryne est mal amené et pas franchement crédible. Cael est casse-pied, à se lamenter sans cesse. Zejabel n’a pas franchement l’air d’avoir lutté toute sa vie pour devenir la meilleure tueuse züe au monde, mais en dehors de ça c’est un personnage sympa. J’aime bien Niss et Nolan, sinon.

Donc bref, des personnages assez intéressants mais pas toujours bien développés, et une intrigue qui tient la route, même s’il y a des raccourcis sur la fin.

(Oui, j’ai totalement bâclé cette critique… Ҫa fait un moment que j’ai lu ce livre.)

Park Life
Shuichi Yoshida

J’avais a-do-ré Parade, du même auteur. C’est rare que j’aie un coup de cœur comme ça sur un livre. Alors forcément, j’attendais beaucoup de ce court roman.

L’histoire se déroule à Tokyo, plus précisément dans le parc de Shibuya et un ou deux autres espaces verts. Le narrateur est anonyme : c’est écrit à la première personne, le personnage ne se présente jamais et on ne l’appelle jamais par son nom. Il en va de même pour la femme qu’il rencontre.

Ce roman reste très distant par rapport aux personnages parce que c’est le parc de Shibuya qui est le véritable personnage principal (d’où le titre). En fait, « je » et « elle » sont les deux personnes que l’auteur a choisi de suivre, mais ç’aurait très bien pu être le monsieur qui fait voler son avion, les gens qui font leur jogging ou les clochards. L’auteur voulait montrer la vie qui s’écoule dans le parc.

Résultat, je n’ai pas bien saisi l’intérêt du roman et je n’ai pas accroché. Déception, donc.

Le Musée du silence
Yoko Ogawa

Rappelez-vous, j’avais adoré Cristallisation secrète. Une tension s’était installée tout doucement et ne m’avait pas lâchée jusqu’à la fin.

Un muséographe est chargé de créer un musée pour entreposer les objets volés aux morts du village reculé où vit la vieille dame-voleuse qui l’embauche. Avec la fille adoptive de cette vieille dame, le muséographe commence à recenser tous les objets et leur histoire auprès de la vieille dame. Il est aussi chargé de voler un objet aux gens qui viennent de mourir, car ce n’est plus de l’âge de la vieille dame. Peu à peu, le muséographe va se rendre compte qu’il ne pourra plus repartir.

Je n’ai pas tellement accroché, sûrement parce que je n’ai pas saisi tous les tenants et aboutissants. Tout ça me paraissait trop distant (la jeune fille reste un personnage assez énigmatique et il ne se passe rien, alors que le personnage principal semble avoir une certaine attirance pour elle) et à aucun moment l’action ne décolle. Dans Cristallisation secrète aussi, dans un sens, mais en fait non, parce que dans Cristallisation secrète la pression monte progressivement et que certains événements créent l’angoisse (le moment où ils sont à la gare avec des objets disparus et qu’il y a un contrôle, les disparitions particulièrement embêtantes comme la jambe). Dans Le Musée du silence, les morts arrivent régulièrement mais elles ne rythment pas le récit (je veux dire par là qu’elles n’ont pas vraiment d’importance pour/répercussion sur le personnage principal). Certains sujets ne sont qu’esquissés, aussi. Par exemple, on ne sait pas vraiment pourquoi le jardinier tue ces jeunes femmes ni pourquoi ça ne choque personne, sa relation avec sa mère est vite évacuée…

Voilà pour les points noirs. Sinon, je trouve la vieille dame et ses descriptions assez comiques (son dentier qu’elle remet en place, sa canne qu’elle secoue dans tous les sens), je ne sais pas si c’était voulu. Mais en tout cas quelle image elle donne de la vieillesse ! Ce n’est vraiment pas très ragoûtant, de ce point de vue-là l’auteur a bien réussi son personnage !

En somme, ce livre ne m’a fait ni chaud ni froid. J’ai attendu tout le long qu’il se passe quelque chose mais rien n’est venu.

Iliade
Homère

Je m’étais promis de lire Homère un jour parce qu’on ne peut décemment pas faire des études littéraires et ne pas l’avoir lu (vu tous les auteurs qui s’inspirent d’une manière ou d’une autre de lui). L’erreur est aux trois-quarts réparée (parce que j’ai lu une version abrégée de l’Odyssée, quand j’étais au collège).

Tout le monde connaît à peu près l’histoire : Achille est en colère parce qu’Agamemnon lui a pris Briséis, une de ses captives. Pour lui faire comprendre son erreur, Achille refuse d’aller combattre les Troyens qui, du coup, ont l’avantage grâce à Hector qui exhorte tout le monde au combat. Voyant la déroute subie par les Achéens, Patrocle propose à Achille de se rendre sur le lieu de la bataille avec les armes d’Achille pour faire reculer les Troyens. Patrocle meurt, achevé par Hector, Achille est dévasté, tout le monde pleure et s’arrache les cheveux. Achille veut se venger et demande à sa mère de lui trouver de nouvelles armes. Héphaïstos lui forge le fameux bouclier, puis Achille se lance dans la bataille et crée la débandade dans l’armée ennemie. Les Troyens rentrent dans la ville mais Hector reste pour affronter Achille, qui le tue et le ramène au camp grec en le traînant derrière son char. Il organise les funérailles de Patrocle et des jeux en son honneur, puis Priam vient en personne récupérer le corps de son fils. Achille accorde douze jours de répit aux Troyens pour célébrer ses funérailles.

Comme j’ai vu le film Troie, j’ai eu plusieurs surprises en lisant cette épopée. 1) L’épopée a beau s’appeler « Iliade », elle ne raconte pas la chute de Troie (quoique, avec la mort d’Hector, la chute de Troie est assurée) mais la colère d’Achille. 2) Les hommes sont les pantins des dieux. Achille sait qu’il va mourir mais ça n’a pas l’air de le perturber plus que ça. 3) Le rythme est étrange. En lisant le résumé que je viens de faire, on s’attendrait à ce qu’Achille et Patrocle entrent rapidement en scène. Sauf qu’à partir du moment où Achille dit : « Puisque c’est comme ça, je vais bouder dans ma tente », on ne le voit quasiment plus jusqu’au chant 16 (sur 24) où Patrocle lui demande s’il peut aller se battre pour aider les Achéens. À la fin du chant 16, Patrocle est déjà mort. Chant 18, Héphaïstos forge les nouvelles armes d’Achille. Chant 22, Achille tue Hector. Avant le chant 16, on voit donc essentiellement des combats entre les héros achéens (les deux Ajax, Ménélas, Agamemnon, Ulysse, etc.) et les héros troyens (Énée, Hector, etc.) Je dois avouer que ça m’a un peu ennuyée. Heureusement, les interventions des dieux animaient le tout.

Franchement, l’Iliade, c’est classe. Accessoirement, je ne sais pas si des chercheurs se sont amusés à relever tous les personnages cités et à les classer, mais ça serait très intéressant.

1Q84
Haruki Murakami

Pour plus de commodité, je vais parler des trois livres en une seule critique, étant donné que je les ai enchaînés.

La trilogie se découpe en chapitres centrés tantôt sur Aomamé, tantôt sur Tengo. Dans le troisième livre s’ajoute le point de vue d’Ushikawa, qui enquête sur les deux premiers. Le roman commence lorsqu’Aomamé, coincée dans un taxi sur une autoroute complètement embouteillée de Tokyo, décide de prendre l’escalier de secours pour rejoindre une gare et pouvoir ainsi se rendre à son rendez-vous. Mais en empruntant cet escalier, Aomamé passe dans un autre monde, qu’elle finit par appeler « 1Q84 ». Tengo, de son côté, est un prof de mathématiques qui écrit des romans à ses heures perdues mais qui n’a encore jamais été publié. Komatsu, un éditeur qu’il connaît, lui confie la réécriture de La Chrysalide de l’air, un roman écrit par Eriko Fukada (pseudonommée Fukaéri), mystérieuse jeune fille de 17 ans. Sans le savoir, Aomamé et Tengo, qui ne se sont pas revus depuis leurs 10 ans, se sont attaqués à une même entité, la secte des Précurseurs.

Sans aucun doute, la trilogie de Murakami est ambitieuse. L’auteur parle des sectes, des violences faites aux femmes et des viols de fillettes tout en abordant ses thèmes récurrents, c’est-à-dire la recherche de l’âme sœur, la réalité et le rêve, tout ça.

Mais il y a un problème, et de taille. L’auteur se répète beaucoup, beaucoup trop. Et croyez bien qu’on se coltine toutes les sortes de répétition :

1) Les répétitions d’un livre à l’autre voire d’un chapitre à l’autre.
Du fait des différents points de vue, on a droit aux réflexions de chaque personnage sur l’énigme à laquelle ils font face. Dans le premier livre, on fait à Tengo l’historique de la secte des Précurseurs et Aomamé se rend compte qu’elle n’est plus dans son monde d’origine (« dans le ciel brillaient deux lunes »). Dans le deuxième, Aomamé découvre à son tour ce que cache la secte et dans le troisième, Tengo se rend compte que le monde est différent et l’appelle « La Ville des Chats ». Dans le troisième toujours, Ushikawa, sorte de détective véreux, nous parle de l’enfance de Tengo et Aomamé qu’on connaît déjà, fait des suppositions sur ce qui a poussé Aomamé à faire ce qu’elle a fait à la secte (je ne peux rien dire sans spoiler) alors qu’on connaît déjà tout ça et il finit lui aussi par s’apercevoir qu’il y a deux lunes dans le ciel. L’auteur répète aussi souvent le quotidien tout ce qu’il y a de plus banal de Tengo et Aomamé.

2) Les répétitions en début et fin de paragraphe.
Je l’avais déjà fait remarquer à propos d’Au sur de la frontière, à l’ouest du soleil. Le pire que j’ai vu, c’est la construction suivante : « Tengo faisait cela tout en pensant à ceci. Une question. Voilà à quoi pensait Tengo pendant qu’il faisait cela. » Alors ok, ça fait un chiasme, mais c’est quand même ultra répétitif et je ne vois pas ce que ce chiasme apporte.

3) Les répétitions de mots.
Dans certains cas, c’est peut-être la faute de la traduction, ou alors on ne pouvait pas traduire autrement, je ne sais pas : le verbe « être » revient très, très, très souvent. Il y a également pas mal de verbes faibles (bon, ça, c’est peut-être parce que je suis en mode bêta-lectrice). Dans d’autres cas, c’est clairement la faute de l’auteur. Je me souviens par exemple d’un paragraphe de 6 ou 7 lignes dans lequel l’auteur enchaîne les phrases averbales et répète à chacune d’elles le mot « main » : c’est très lourd.

Le deuxième problème de cette trilogie, c’est ses idées. Comme je l’ai dit plus haut, les thèmes étaient prometteurs. Quand la vieille dame révèle à Aomamé ce qui est arrivé à Tsubasa, la fillette de 10 ans, le lecteur est mal à l’aise voire écœuré par tant d’horreurs et de souffrances. Quand la vieille dame explique à Aomamé ce qui est arrivé à sa fille et ce que certains hommes ont fait subir aux femmes que la vieille dame recueille, on n’en mène pas large non plus. Mais ça ne va pas plus loin, parce que tout le pan fantastique de l’œuvre reste inexpliqué. Murakami sème des mystères et ne les résout pas. Au final, on ne sait pas vraiment ce que veulent faire les Little People, ce qu’ils représentent. (Moi, ils me font penser aux sept nains de Blanche-Neige, mais allez trouver une signification à ça… !) On ne comprend pas ce qui a bien pu se passer dans la tête du leader pour qu’il devienne un monstre. Le professeur Ebisuno ne réapparaît plus une fois qu’il a expliqué la formation des Précurseurs à Tengo, comme s’il n’était là que pour apporter des informations essentielles au bon déroulement de l’histoire. On ne saisit pas pourquoi une espèce de collecteur fantôme de la NHK frappe à la porte de Tengo, Aomamé et Ushikawa, même si on se doute qu’il s’agit du père de Tengo, qui continue, dans sa monomanie, de frapper aux portes malgré le fait qu’il soit à la retraite et, de surcroît, dans le coma. On ne comprend pas le rôle qu’a la petite chose qu’abrite Aomamé. Tengo n’apprend pas ce qui est vraiment arrivé à sa mère (heureusement qu’Ushikawa est là pour nous en donner les grandes lignes) et ce que sa vision représentait (même si on en a une petite idée).

Je pourrais continuer mais ce sont les principales questions. Troisième et dernier reproche, qui dépend des sensibilités de chacun, c’est le fait que Tengo et Aomamé ne se rejoignent qu’à la toute fin. Plusieurs fois dans les tomes deux et trois, ils se ratent de peu. Ҫa énerve bien comme il faut. Mais le pire, c’est qu’il suffirait de peu de chose pour qu’ils se retrouvent. Sauf que pas une seule fois il ne leur vient à l’idée de, au hasard, laisser un mot que seul eux deux peuvent comprendre dans chaque boîte aux lettres de chaque immeuble du quartier. Cette attente de la rencontre donne envie de continuer le livre mais en même temps nous rend insupportables toutes les introspections des personnages.

Il reste – il faut bien quelques points positifs, tout de même – que Tengo et Aomamé sont attachants (cela dit, Aomamé m’énerve à partir du tome 3, elle devient limite gnangnan. On dirait qu’elle se liquéfie dès qu’elle apprend qu’elle est enceinte). Et j’aime bien Tamaru, l’espèce de garde du corps de la vieille dame. Ushikawa est absolument insupportable du point de vue de Tengo mais, quand on est de son point de vue à lui, ça va mieux. Par rapport aux liens entre Aomamé et la vieille dame et Aomamé et Tengo, je trouve qu’Ushikawa arrive aux bonnes conclusions un peu trop rapidement, mais bon. Le tome 1 commençait bien et, s’il fallait donner un ordre de préférence, ce serait celui-là qui l’emporterait. Le chauffeur qui dit que si Aomamé commence à sortir des sentiers battus, son monde risque de changer du tout au tout, c’est excellent. Les deux lunes sont bien trouvées.

BREF. En conclusion, cette trilogie donne l’impression que Murakami a écouté son éditeur qui lui aurait dit quelque chose du genre : « Pour gagner beaucoup d’argent et ce foutu Nobel de littérature, ce serait bien que tu les achèves avec une trilogie. » Et Murakami, naïvement, a obéi et pondu une trilogie assez ratée. Bons thèmes, personnages réussis, mais intrigue qui tombe à plat par manque de suite dans les idées, ce qui est fatal pour le ressenti final. (Et là, ça se voit que j'ai rédigé mon commentaire juste après avoir fini la trilogie ?)

À la prochaine, mes petits lapins de Pâques !

24 février 2013

Conte - L'Homme ronchon

Il était une fois un homme ronchon. N’importe quel événement un tant soit peu insignifiant constituait un motif de ronchonnerie. Le train avait du retard ? Il ronchonnait. Ses pâtes étaient froides ? Il ronchonnait. Son réveil sonnait à l’heure convenue ? Il ronchonnait. Bref, l’homme ronchon n’en finissait pas de ronchonner. Comble du malheur, l’homme ronchon habitait dans un immeuble. Et qui dit immeuble dit voisins, et qui dit voisins dit nuisances sonores. Notre homme était tranquillement assis dans son canapé, à ronchonner devant la télé qui débitait un tissu d’insanités, quand soudain il fut dérangé dans ses occupations ronchonnières par la voisine du dessus. Elle se disputait avec sa mère. Encore. Et elles criaient, hurlaient, vociféraient. Fortement incommodé, notre homme n’hésita pas à communiquer sa mauvaise humeur aux intéressées.

– C’est pas bientôt fini, ce boucan ! cria-t-il en jetant un regard courroucé vers le plafond, comme si ce dernier y était pour quelque chose.

Sa plainte ne fut semble-t-il pas entendue, car les deux femmes continuèrent de se disputer sans baisser le volume. L’homme ronchon en avait assez. Il voulait quitter cet appartement et partir loin, très loin ! Là où personne ne viendrait le déranger.

L'homme ronchon acheta une maison à la campagne. Mais le même manège recommença. Cette fois-ci, les voisins n’étaient pas en cause : il n’y en avait pas à moins de cinquante mètres. Non, le vrai problème venait de la maison, car elle abritait une tribu de souris qui se faisait une joie de courir le long des murs lorsque notre homme avait le dos tourné et de faire des trous dans tous ses paquets de céréales, de pâtes et autres aliments secs dont les souris raffolent. Notre homme ronchonna de plus belle. Il ne serait donc jamais tranquille !

L’homme ronchon décida de se faire ermite. De nos jours, ce n’était plus une activité très répandue mais, au moins, les chevaliers avaient disparu depuis longtemps. Il ne serait pas dérangé. Mais le même manège se produisit à nouveau. Notre homme se plaignait des oiseaux qui chantaient, des sangliers qui venaient labourer la terre près de sa cabane, des écureuils qui avaient élu domicile sur son toit et couraient à toute patte avant de sauter sur la branche de l’if qui osait faire de l’ombre à notre homme. Pour finir, des hommes vinrent couper les arbres, dont l’if, autour de sa cabane avec leurs tronçonneuses bruyantes. Il n’aurait donc jamais la paix !

L’homme ronchon s’exila donc au Pôle Nord. S’il était dérangé dans cette grande étendue glacée désertée de presque toute vie, alors il n’avait vraiment pas de chance. Il mourut de froid.

19 janvier 2013

Tomber de Charybde en Scylla

Les partiels, c'est fini!

Gif vieillard Le Bossu de Notre-Dame

Maintenant, je dois revoir mon plan de mémoire et l'introduction pour dans deux jours!

 

Note: Gif volé ici.

12 janvier 2013

Tag - questionnaire

Anassete m’a taguée, donc je vais consciencieusement répondre à ce questionnaire.

1. Es-tu une acheteuse compulsive de livres ?
Plus ou moins. C’est-à-dire que, la plupart du temps, je sais me contenir mais que, parfois, je me laisse totalement aller et je dépense beaucoup en une seule fois. Au Salon du Livre 2012, par exemple, j’ai dépensé plus de 100 € en romans japonais… En fait, j’ai commencé à me restreindre quand j’ai constaté que les achats faits sur un coup de tête se révélaient généralement décevants. Pour le Salon du Livre, j’avais fait une liste préalable des auteurs intéressants et j’ai pris un roman de chaque.

2. À quelle fréquence achètes-tu des livres ?
Euh… Si les achats pour la fac comptent, on va dire tous les mois. Sinon, c’est tous les deux ou trois mois, si aucun livre vraiment attirant ne me fait de l’œil.

3. As-tu une librairie favorite ?
À vrai dire, je vais très peu dans de vraies librairies. Je suis entrée dans une librairie anglaise dans une petite rue du Quartier Latin, il n’y a pas très longtemps. C’était totalement dingue : dans cette librairie, les livres s’empilent véritablement jusqu’au plafond. Il faudrait que j’aille la prendre en photo… Mais je suis nulle en anglais, alors je ne peux pas dire que c’est ma librairie favorite. On va dire Gibert Joseph, même si c’est une grande surface culturelle.

4. Fais-tu tes achats livresques seule ou accompagnée ?
Les deux. Je suis souvent accompagnée mais y aller seule me plaît tout autant, voire plus : comme je suis du genre copine-poule, à toujours garder un œil sur mes amies pour pouvoir les retrouver rapidement si on décide de changer de coin, je suis souvent distraite dans mes lectures de 4e de couverture et j’évite de m’éloigner trop… Enfin, ça, c’était surtout l’année dernière, maintenant on est toutes éparpillées T_T
Le problème, quand je suis seule et que je reste trop longtemps dans une librairie à examiner tous les livres qui me tombent sous la main, c’est que j’ai tendance à m’enfermer dans une bulle et que j’ai parfois du mal à en sortir.

5. Librairie ou achats sur le Net ?
Librairie. Le Net, c’est uniquement en dernier recours ou quand ça fait économiser une somme d’argent conséquente. Je suis une petite vieille qui n’a pas confiance en Internet.

6. Vers quels types de livres te tournes-tu en premier ?
Les romans. C’est ce que je lis principalement. Après, le type de roman que je regarde en particulier, c’est les contemporains japonais. La littérature japonaise est ma lubie du moment, je trouve cette littérature très subtile, tout en nuances, en retenue et en discrétion. Bon, ça dépend des auteurs, mais la plupart de ceux que j’ai lus jusqu’à maintenant sont comme ça. Ils nous montrent une vision du monde différente de notre vision occidentale des choses que je trouve un peu trop déprimante et déprimée. Mais je m’éloigne.
Sinon, je lis très peu de poésie, nouvelles, beaux-livres, etc. La poésie parce que c’est trop exigeant, les nouvelles parce que je dois m’arrêter entre chacune pour bien la comprendre et la retenir, les beaux-livres parce que ça ne m’intéresse pas.
Je lis un peu de mangas, sinon. Et presque pas de BD.

7. Préfères-tu les livres neufs, d’occasion ou les deux ?
Les deux. Plus exactement, je préfère les livres neufs et les occasions qui ont l’air neuf. Si le prix de l’occasion comparé au neuf est vraiment différent et que le livre est abîmé mais pas trop, je le prends. Si c’est un torchon, je prends le neuf, quitte à y mettre le prix.

8. Qu’aimes-tu dans le shopping livresque ?
Découvrir des livres sur lesquels je ne serais jamais tombée si je les avais commandés sur Internet. Avoir l’avis de mes amies sur les livres qu’on croise sur les étalages. L’excitation quand on croise les livres d’un auteur qu’on adore.

9. Te fixes-tu une limite d’achat par mois ?
Non. Puisqu’il y a des mois où je n’achète rien, je me permets le mois suivant d’être dépensière. Mais bon, je ne vais pas non plus dépenser 100 € uniquement en livres (le Salon du Livre, c’était une exception) : je n’ai pas la place !

10. À combien s’élève ta wish-list ?
Euh… je ne sais pas. Je ne fais pas de liste.

11. Cite 3 livres que tu veux TOUT DE SUITE !
Les Enfants de Ji (volume 2 de l’intégrale) de Pierre Grimbert. J’ai beau trouver ça moyen, je me suis attachée aux personnages et je veux absolument savoir ce qu’ils deviennent ! Le Mauvais de Shuichi Yoshida : j’ai adoré Parade, du même auteur, donc j’aimerais bien que ce roman sorte en poche là, tout de suite, maintenant, pour que je me jette dessus. Pour le troisième, on va dire Le Musée du silence de Yoko Ogawa.

12. Pré-commandes-tu tes livres ?
Non. À vrai dire, je ne me souvenais même plus que c’était possible.

13. Pourquoi un tel pseudo/nom de blog ?
Déjà, ce qu’il faut savoir, c’est que je pensais avoir inventé le prénom « Naëlle ». En fait, c’est breton, ce qui est parfait parce que j’adore la Bretagne (une région où on ne meurt pas de chaud en été et dans laquelle pullulent les histoires légendaires ne peut qu’attirer ma sympathie). Bref, je cherchais un pseudo que je pourrais utiliser si jamais, par miracle, j’étais publiée dans des fanzines et autres revues. Il s’avère que « Moon » n’est pas terrible, mais si je devais le changer je garderais tout de même le rapport avec la lune, parce que j’adore lever la tête et m’apercevoir que la lune m’observe (j’ai des tendances mélancoliques égocentriques, parfois…). Voilà pour le pseudo.
Pour le nom du blog, j’ai bêtement dit le contraire de ce que je pensais, parce que je ne voyais pas d’autre manière de le nommer… J’ai fait preuve d’une imagination débordante.

14. Parles-nous de ton prof préféré.
Déjà, il faudrait que je choisisse mon prof préféré. J’hésite entre mon prof de français de première et ma prof de latin de licence (j’ai toujours fait en sorte d’avoir la même prof de latin, sauf un semestre parce qu’elle ne donnait plus de cours. C’est une prof qui explique très vite les choses, on doit être concentré sur ce qu’elle dit pour comprendre, donc on n’a pas le temps de s’ennuyer et, du coup, avec les autres profs, je m’ennuyais prodigieusement et ne comprenais pas aussi bien). Bon, allez, je vais parler de mon prof de français. Je n’ai jamais eu de très bonnes notes avec lui mais j’adorais ses cours parce qu’il nous expliquait très bien en quoi les textes étaient intéressants et on voyait quand un livre l’enthousiasmait particulièrement (Madame Bovary, par exemple, qu’il nous a dit avoir lu plus d’une quinzaine de fois sans se lasser… Je l’ai lu trois fois depuis et je comprends tout à fait ce qu’il nous disait, comme quoi la première fois, on trouvait ça inintéressant, la deuxième on appréciait l’écriture, la troisième on comprenait qu’en fait c’est intéressant, et ensuite on passait notre temps à décortiquer ce que Flaubert a voulu exprimer parce que c’est sans fin). Et puis il faisait souvent de l’esprit, on (sou)riait souvent. Maintenant que j’y pense, ma prof de français de seconde était très bien aussi, dans un autre genre.

15. Parles-nous de ton premier concert.
Je me suis mise aux concerts assez tard parce qu’aucun groupe ne m’avait passionnée au point de vouloir dépenser des sous pour le voir en vrai. Donc mon premier concert, c’est Indochine au Grand Rex le 29 janvier 2011. C’était démentiel, j’ai adoré. Du coup, j’ai recommencé en 2012, et c’était encore super, alors je re-recommencerai quand ces méchants pas beaux feront une autre salle parisienne que le Stade de France.

16. Quel est ton endroit préféré au monde ?
J’adore mon lit… Je pense que la réponse attendue n’est pas vraiment celle-là, mais je suis bien embêtée parce que je n’ai pas d’endroit préféré… On va dire la maison de campagne que mes grands-parents ont vendue il y a une dizaine d’années. Je garde beaucoup de bons souvenirs de ces étés passés là-bas, et y retourner récemment m’a rendu à la fois heureuse et triste.

17. Un endroit que tu aimerais visiter ?
L’Irlande, l’Écosse, l’Islande, la Nouvelle-Zélande… Des endroits où l’homme n’est pas ou peu présent et où la nature est maîtresse, en somme. Ah non, je sais ! Au nord du Canada ! J’ai vu un reportage une fois où un habitant de ce coin enneigé disait aux journalistes : « Écoutez ce silence. C’est un silence pur, sans fond sonore lointain, sans ondes. » Alors tout le monde s’est tu et on a entendu le silence.

18. Parles-nous de quelque chose qui te rend complètement folle en ce moment.
Dans le bon ou dans le mauvais sens ? Dans le mauvais, je dirais mon chat qui miaule constamment. Quand on ne sort pas de chez soi, cette chose ultra mignonne nous donne des envies de meurtre. Dans le bon… La perspective de regarder prochainement Summer Wars de Mamoru Hosoda et La Tour au-delà des nuages de Makoto Shinkai ? Ce n’est pas une folie démentielle mais je ne vois rien d’autre. Et puis, je deviens folle pour peu de chose xD

19. Si tu pouvais posséder instantanément quelque chose, rien qu’en claquant des doigts, qu’est-ce que ce serait ?
J’aimerais beaucoup avoir mon mémoire terminé en main. C’est un peu tôt, mais bon… Dans le domaine du réalisable, on va dire une convention de stage remplie et tamponnée par toutes les instances requises. Parce qu’à deux semaines du théorique début dudit stage, je commence à être très légèrement inquiète.

20. Qui tagues-tu ?
Flo ! Et Acid-Brain, si elle veut bien. Et c’est tout, parce que plus personne ne passe sur ce blog, vu que je ne l’alimente pas.

Publicité
26 décembre 2012

Lectures de l'automne

L’hiver est là depuis quelques jours, je suis en retard. Ҫa m’apprendra à faire mes comptes-rendus de lecture à la dernière minute.
Je suis contente parce que j’ai dû lire des auteurs contemporains pour l’un de mes cours, ce qui m’a permis de faire des découvertes (en bien ou en mal, mais peu importe, du moment que je découvre des auteurs).

Home
Toni Morrison

L’histoire se déroule dans l’Amérique des années 1950, donc dans un contexte où la vie des Noirs n’est pas des plus aisées et où on envoie des soldats à l’étranger pour faire la guerre. Franck Money est précisément un Noir qui est revenu traumatisé de la guerre. Gravitent autour de lui d’autres personnages, comme ses grands-parents, son ex-petite amie, sa sœur Cee, et chaque chapitre nous raconte la vie et les sentiments des uns ou des autres, ces chapitres eux-mêmes entrecoupés d’autres chapitres où Franck parle, comme dans un témoignage.

Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman de 150 pages, mais l’histoire est prenante malgré tout parce que l’écriture est excellente, à mon sens, et que cette histoire recèle une grande violence qui n’est pas toujours explicite. C’est poétique, rythmé, et l’auteur amène petit à petit différents éléments de la psychologie ou de l’histoire des personnages. Changer presque systématiquement de personnage à chaque chapitre aide aussi à ne pas s’ennuyer, et tous les personnages finissent par devenir attachants (sauf Lenore, la femme avec qui le grand-père de Franck s’est remarié, en ce qui me concerne) alors que, en les voyant tous du point de vue de Franck, on n’aurait peut-être pas été aussi intéressé par leur histoire. Cee, la sœur de Franck, est particulièrement attachante ; en fait, c’est une fille perdue qui essaie de survivre tant bien que mal.

Ce roman est aussi intéressant parce qu’il pose la question de l’appartenance à un groupe, de la liberté et de ce qu’on peut considérer comme sa demeure.

Voilà, donc c’est une très mauvaise critique que j’ai écrite là, mais il faut tirer de tout ça que j’ai aimé ce roman, qui se lit vite mais qu’on n’oublie pas pour autant.


Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil
Haruki Murakami

Aaah, mais quelle déception ! C’est la première fois qu’un Murakami me déçoit (cela dit, il fallait bien que ça arrive un jour).

Hajime raconte l’histoire d’amour impossible qu’il a eue avec Shimamoto-san. Il l’a rencontrée en primaire, puis ils ont été dans des écoles différentes et ce n’est qu’à la quarantaine qu’ils se sont retrouvés, suite à un article dans un magazine sur les bars de jazz qu’Hajime tient grâce aux fonds que son beau-père lui a fournis.

J’ai globalement un bon souvenir de ce roman parce qu’il a toutes les qualités des autres romans de l’auteur. L’écriture est bonne (si on excepte quelques répétitions (« ensemble tous les deux » vers le début, ou alors des idées qui sont répétées en début et en fin de paragraphe), on est rapidement accro au livre et on ne peut plus le lâcher, surtout quand Shimamoto-san apparaît. Cela dit, le début est peut-être un peu long à se mettre en place, on ne saisit pas bien pourquoi Hajime tient absolument à nous raconter dans le détail ses amours de jeunesse. Mais on a toujours les thèmes présents dans ses autres romans : recherche de l’âme sœur et de soi-même, sensation de solitude, de vide, etc., qui sont finalement universels.

Cependant on a la sensation que le roman est inabouti parce que l’auteur ne nous révèle strictement rien du passé de Shimamoto-san, alors qu’Hajime se pose autant de questions que nous à ce sujet. Ҫa donne l’impression que Murakami a semé des épisodes intrigants qui laissent deviner des événements romanesques dans la vie de Shimamoto-san mais que finalement, il n’a pas trouvé d’explications à la hauteur du suspens qu’il a suscité et qu’il s’est rabattu sur la solution de facilité, c’est-à-dire laisser le lecteur dans le flou total. Du coup, on ne sait pas pourquoi un homme est venu donner de l’argent à Hajime pour qu’il arrête de suivre Shimamoto-san, on ne sait pas pourquoi elle a perdu son enfant un an plus tôt ni si elle a été ou est mariée, on ne sait pas pourquoi elle a des crises qui lui font frôler la mort si elle ne prend pas ses médicaments, on ne sait pas pourquoi elle n’a jamais travaillé de sa vie et, enfin, on ne sait pas pourquoi elle disparaît tout bonnement après avoir passé la nuit avec Hajime. La cerise sur le gâteau. Et le pire, c’est qu’elle lui avait dit (et nous, pauvres lecteurs, ne pouvions que la croire) qu’elle lui révélerait tout au matin. C’est le gros défaut du roman, et la raison de ma déception, parce que vous imaginez bien que c’est très frustrant de ne pas connaître le fin mot de l’histoire.

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil est donc un roman sympathique mais ce n’est pas le meilleur de Murakami.


Je vais passer pour un vieux con
et autres petites phrases qui en disent long
Philippe Delerm

L’auteur prend une vingtaine de phrases du quotidien et les décortique.

J’adore ce livre parce que son résumé tient en une seule phrase ! Mais sinon je ne l’ai pas du tout aimé. Certes, il fait parfois de bonnes remarques (par exemple pour « Vous n’avez aucun nouveau message »), qui peuvent faire sourire, et son écriture est agréable à lire. Et il a aussi l’intention louable de dénoncer quelques « travers » du monde moderne (par exemple avec « Je vais chez Mentec ») et des hommes en société. Mais ces critiques n’ont pas vraiment de portée dans un livre qui a pour unique but de faire le recensement de ces petites phrases. Ҫa aurait pu présenter un quelconque intérêt si Delerm avait été plus incisif, s’il avait déployé tout l’humour et l’ironie dont Desproges, par exemple, était capable (Desproges est inégalable, cela dit, c’est vrai). En plus de ça, toutes les anecdotes ne sont pas évocatrices.

En conclusion, c’est un livre à l’intérêt relatif, peut-être plus destiné à un public restreint.


L’herbe des nuits
Patrick Modiano

Le narrateur se balade dans les rues du Paris des années 1960 (du moins c’est ce que l’on suppose, aucune date n’étant indiquée) et raconte ses rencontres avec des gens pas tout à fait honnêtes, et en particulier une jeune femme, avec qui il a passé le plus clair de ses nuits pendant la courte période où il les a fréquentés. Le narrateur a l’habitude de noter tous les petits détails anodins de la vie quotidienne dans un petit carnet. Plus âgé, il reprend ce carnet et, avec le dossier qu’un policier lui a remis une fois à la retraite, il essaie de comprendre les gens qu’il a fréquentés quand il était jeune et apprend pourquoi presque tous, et en particulier la jeune femme qu’il aimait, avaient de faux noms et se cachaient.

C’est un très mauvais résumé qui ne donne pas vraiment envie de lire ce roman mais, à ma décharge, je me suis magistralement ennuyée à sa lecture et j’ai oublié beaucoup de choses. Je me soupçonne aussi de n’avoir rien compris à ce roman, vu ce que racontent certains dans leurs critiques. Peut-être qu’en ayant lu préalablement d’autres de ses romans, j’aurais mieux compris celui-là.

Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé ce roman ennuyeux parce que rien ne nous attache aux personnages. Même le narrateur nous est complètement étranger, c’est dire. En fait, c’est la fameuse écriture blanche qu’emploie Camus dans L’Étranger : le récit froid et sans sentiments des événements. Ajoutez à cela un temps pas très bien défini, des lieux très flous, des personnages distants, l’absence d’intrigue. Seul nous fait tenir le mystère qui plane autour de la femme et de ses compagnons (et l’obligation de le lire pour mon cours, en ce qui me concerne). Et finalement, je me suis dit : tout ça pour ça.

En conclusion, je n’ai pas du tout adhéré à L’herbe des nuits parce que je n’ai pas compris où voulait en venir l’auteur.


Le vaillant petit tailleur
Éric Chevillard

Ce monsieur-là sait manier les mots. Et, en cela, ce monsieur-là est beaucoup plus proche de Desproges que Delerm.

L’auteur-narrateur décide de donner un auteur au conte du vaillant petit tailleur. Il se lance donc dans le récit de ce conte, mais à sa manière bien particulière.

C’est un livre qu’on ne peut pas résumer parce qu’il part dans tous les sens. Et c’est un euphémisme. Comprenez que l’auteur-narrateur va envisager toutes les options possibles à l’histoire, même les plus farfelues, et qu’il va se lancer dans des explications dont à peu près tout le monde se moque royalement. Mais c’est intéressant quand même parce que c’est très bien écrit et très drôle.

En fait, c’est simple, je n’ai pas retenu grand-chose de ce livre si ce n’est que l’auteur a une plume géniale. Rien que pour ça, je trouve que ça vaut la peine d’y jeter un œil, voire deux. Je sais que ce livre en a énervé plus d’un, et c’est vrai qu’à la longue cette écriture exigeante lasse un peu, que ça aurait gagné à être plus court, mais le but n’était pas, je pense, de raconter l’histoire du vaillant petit tailleur mais de montrer qu’on peut faire un livre constitué presque entièrement de digressions et de jouer avec les codes du genre. De ce point de vue-là, Chevillard a gagné son pari.

Alors, maintenant, c’est vrai que ce n’est pas le livre de l’année. C’est spécial, il faut le dire, donc pas accessible à tout le monde. Je n’en ferais pas mon livre de chevet mais, en ce qui me concerne, j’ai plutôt bien aimé.

Le sermon sur la chute de Rome
Jérôme Ferrari

Le fameux prix Goncourt 2012.

Matthieu et Libero décident d’abandonner leurs études à la Sorbonne pour devenir les gérants d’un bar dans leur village natal, en Corse. Leur but : créer, dans ce petit bar, le « meilleur des mondes possibles ». Mais c’est une véritable descente aux enfers qui a lieu, car aux débuts idylliques, où le bar attire non seulement les villageois mais aussi les touristes, fait de bonnes affaires et où tout le monde se côtoie dans la joie et la bonne humeur, succèdent les rancœurs, les humiliations, la colère, la jalousie, les déceptions, les départs, la prostitution, la vengeance et, pour finir, la mort. On voit également les vies insatisfaites d’Aurélie, la sœur de Matthieu, et Marcel, son grand-père.

Que ce soit dit, ce roman est déprimant parce qu’il montre que tout ce que l’homme entreprend est systématiquement voué à s’effondrer. Mais qu’est-ce qu’il est bien écrit ! Je suis sûre qu’il y aurait de quoi faire une étude stylistique. L’auteur alterne phrases très courtes et phrases d’une dizaine de lignes voire une page, et dans tout ça il réussit à passer d’un style indirect classique à un style indirect libre voire presque à du discours direct libre ! Et c’est parfaitement maîtrisé. Ce livre se dévore. J’ai beaucoup aimé, si on excepte toutes les considérations philosophiques sur saint Augustin à la fin que je n’ai pas trop comprises.

Cristallisation secrète
Yoko Ogawa

Sur l’Île, les « objets » disparaissent petit à petit. Les émeraudes, les roses, les oiseaux, les bonbons à la limonade, bref, tout et n’importe quoi. Chaque fois qu’un « objet » disparaît, la narratrice doit brûler/jeter tout ce qui s’y rapporte sous peine d’être arrêtée par la police secrète. Ce n’est pas que les « objets » disparaissent réellement, c’est juste que les habitants de l’Île oublient ce qu’ils signifient, et l’accumulation d’« objets » disparus élargit de plus en plus la cavité au fond de leur cœur. Mais des gens ne ressentent pas ces disparitions et ils doivent se cacher pour échapper à la police secrète. C’est le cas de R., l’éditeur de la narratrice, qu’elle décide de cacher chez elle avec l’aide du grand-père. Parallèlement, elle continue d’écrire son roman, l’histoire d’une jeune femme prenant des cours de dactylographie qui a perdu sa voix et qui ne peut plus s’exprimer que par sa machine à écrire, qui finit à son tour par se taire. Son prof de dactylographie, avec qui elle a une liaison, l’enferme alors au sommet d’un clocher où elle dépérit.

C’est drôle parce que d’un côté je trouve que c’est un roman assez « calme », où tout est dit posément, mais d’un autre côté plus on avance dans le livre et plus on est angoissé par ce qui arrive à la narratrice et à l’Île tout entière. Nous aussi finissons par ressentir la peur, l’oppression qu’exerce la police secrète, symbole du totalitarisme ambiant. Je me demandais si tout finirait par s’arranger, si la police secrète disparaîtrait et si les gens pourraient de nouveau vivre normalement avec tous les « objets » qui avaient disparu ou si au contraire tout finirait par disparaître. Quand j’ai lu la fin du roman dans le roman, j’ai compris quelle serait la fin.

D’ailleurs j’aime bien le parallèle fait entre la narratrice du roman dans le roman et la narratrice du roman… Finalement, il leur arrive exactement la même chose mais en même temps tout l’inverse : avec la narratrice du roman dans le roman, c’est la voix puis tout le reste du corps qui disparaissent, alors qu’avec la narratrice du roman, c’est l’extérieur qui disparaît puis le corps petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la voix. Le centre puis la périphérie d’un côté, la périphérie puis le centre de l’autre.

Excellent roman, sur lequel vous devez vous jeter à la première occasion.

Le Secret de Ji, intégrale volume 1
Pierre Grimbert

Il y a plus de cent ans, Nol l’Étrange demanda à ce qu’un émissaire de chaque pays se rende sur l’île Ji. Personne ne sait ce qui s’y passa, ni pourquoi trois des douze émissaires ne revinrent pas. Ils firent le serment de ne jamais rien révéler. Au moment où l’histoire se déroule, les « Héritiers », comme ils s’appellent eux-mêmes, sont traqués par une secte de tueurs. Parmi eux, six réussissent à survivre et à se retrouver. Ils commencent alors une quête à travers le monde pour savoir qui veut leur mort et pour quelle raison. La situation s’avère vite beaucoup plus complexe qu’ils ne l’imaginaient et, plus que leur vie, c’est le monde entier qui est menacé.

En tant que saga fantasy, Le Secret de Ji joue parfaitement son rôle : il est distrayant et addictif. Les personnages sont tous plus ou moins attachants. Léti, une jeune fille de 16 ans dont Yan, 15 ans, est amoureux, m’insupporte parce qu’elle pense que tout tourne autour d’elle. Heureusement elle s’améliore par la suite mais ce n’est pas mon personnage préféré (ma préférence irait plutôt à Yan, s'il fallait choisir. Mais j'aime aussi beaucoup Rey et Grigan). Cette saga est une des rares à ne pas avoir UN mais DES personnages principaux. À part Le Seigneur des Anneaux, c’est bien simple, je n’en vois pas d’autre (mais ma culture fantasy est assez limitée, donc il en existe peut-être des tas). Si au début on est souvent centré sur Yan et Léti, par la suite on suit beaucoup Corenn, Bowbaq, Grigan, Rey, Lana, quand ce n’est pas un point de vue omniscient. Il faut savoir que ces livres ne se découpent pas en chapitres mais en « épisodes ». C’est un procédé que je n’aime pas trop mais, étant donné le nombre de points de vue que l’auteur doit adopter, ça me semble être le seul moyen.

Le point fort de cette saga, c’est immanquablement son suspense. La polyphonie permet au lecteur de connaître les pensées de chaque personnage, de se poser les mêmes questions qu’eux et en même temps d’en connaître plus qu’eux grâce aux points de vue ennemis, ce qui lui permet de faire des hypothèses et de se réjouir quand il a bien deviné. C’est bien géré.

Et heureusement parce que l’écriture, surtout dans le tome 1, n’est pas des meilleures. Là, je vais pousser un coup de gueule contre Mnémos, l’éditeur. Le tome 1 est plein de fautes, ça n’aide pas franchement à entrer dans la lecture. Comme je suis gentille avec mes lecteurs inexistants et méchante avec les maisons d’édition pas fichues d’embaucher un correcteur (qui n’est JAMAIS dispensable, peu importe l’importance de la maison d’édition), je vous ai fait un petit florilège : « qui tombait un peu en ruine plus chaque jour » (p. 50), « Enclopédie » pour « Encyclopédie » à la fin du volume (et c’est répété dans le volume 2), « Pensant qu’il abandonner Yan… » (p. 154) à la place de « abandonnait », ainsi que d’autres fautes d’inattention du même type et deux verbes conjugués au présent au lieu du passé simple. Ҫa fait un certain nombre d’années que l’intégrale attendait sur mes étagères, donc peut-être que depuis il y a eu une réédition corrigée, mais j’ai de gros doutes. Bref, pour revenir à l’écriture en elle-même, elle est plutôt agréable et fait bien son travail descriptif du monde dans lequel évoluent les personnages, mais elle ne vaut pas non plus un Bottero poétique ou un Tolkien magistral. L’auteur a ce tic d’écriture, à la fin d’un épisode, de lancer une phrase du genre : « Mais Truc ne savait pas ce qui l’attendait par la suite. » Ҫa ne sert strictement à rien parce que ce type de phrase exacerbe la curiosité du lecteur alors qu’il a déjà envie de lire la suite. Mention spéciale aux dialogues, en revanche. Rey a des répliques hilarantes, qui font mouche assez souvent.

Un autre point faible de la saga, c’est son début extrêmement lent. Concrètement, ce n’est qu’à la fin du premier tome (si j’ai bien compris le découpage initial de la saga) que tous les personnages importants se trouvent et se rendent sur l’île Ji. Et on a parfois un peu l’impression qu’ils rencontrent des obstacles juste pour qu’il y ait un peu d’action.

Mais, autre point fort, les détails du monde sont bien construits : il y a un nombre assez important de dieux, le système horaire est simple mais ingénieux (on s’exprime en décime, décan, décade, lune, éon). J’ai du mal avec les ordres de grandeur (les pieds), en revanche, mais bon, ce n'est pas grand-chose.

Bref, c’est donc une saga très sympa, dans l’ensemble, mais qui a pour faiblesse un début trop lent, une écriture un peu trop insistante et, surtout, une édition pleine de coquilles.

 

Critique du Secret de Ji (intégrale volume 2) au printemps !

2 décembre 2012

La Légende de Korra


Hey ! Ça fait longtemps que je n'ai rien posté... Souvenez-vous, j'avais émis l'idée de peut-être donner mon avis sur les animes que j'ai vus cet été. Mon avis sur La Légende de Korra est rédigé depuis un moment, alors je vous fais l'honneur de la poster.

La Légende de Korra

La légende de Korra

Mettons les choses au point : si vous ne connaissez pas le dessin animé Avatar, le dernier maître de l’air, dont La Légende de Korra est la suite, foncez tout de suite réparer cette erreur, vous ne le regretterez pas.

The_Legend_of_Korra_578579

C’est bon ? Alors commençons. Korra est la petite fille d’Aang et est le nouvel avatar. Le monde a évolué depuis Aang : il est unifié, tous les maîtres des éléments vivent en harmonie maiiis une petite république résiste encore et toujours à l’envahisseur… Non, je plaisante. L’oncle de Korra (le fils d’Aang) est un des dirigeants de cette république qui subit quelques perturbations. Une secte veut renverser les maîtres des éléments pour que tout le monde soit égal. Comment ? En leur retirant leur maîtrise. Donc ça affole un peu tout le monde. Korra débarque dans ce contexte quelque peu inquiétant et essaie de régler le problème. Elle rencontre les gens qui vont devenir ses amis, son amoureux (évidemment) et les descendants des héros d’Avatar, le dernier maître de l’air. La série dure 12 épisodes.

Je suis positivement mitigée. C’est-à-dire qu’il y a des choses qui ne m’ont pas trop plu mais que globalement c’est quand même super bien.

Ce qui ne m’a pas plu : 1) 12 épisodes, c’est quand même moitié moins qu’une saison d’Avatar, le dernier maître de l’air. Là où Avatar laissait le temps aux personnages d’avoir des aventures qui n’avaient pas grand-chose à voir avec l’intrigue principale et donc de développer leurs personnalités et leurs relations, Korra reste collée à l’intrigue de la secte. Ҫa donne l’impression que tout va trop vite. Résultat, on n’a pas le temps de respirer et on veut connaître la suite (ce qui est bien), mais je pense qu’un ou deux épisodes « annexes » auraient été les bienvenus. 2) L’histoire d’amour est réglée trop rapidement. Dans Avatar, Aang et Katara mettent trois saisons à s’avouer qu’ils s’aiment (même si on le sait dès le premier épisode) ; dans Korra, Korra et Mako se le disent au neuvième épisode, je crois (même si, une fois de plus, on l’a su dès qu’ils se sont rencontrés). Mais l’histoire compliquée autour de ça (Bolin qui en pince pour Korra, Asami qui se met à sortir avec Mako, Mako qui aime à la fois Korra et Asami) est en revanche bien gérée. 3) la fin laisse dans l’expectative. Une deuxième saison est prévue mais on ne sait pas du tout quelle direction elle pourrait bien prendre : va-t-on rester dans la république ou au contraire explorer le monde qui l’entoure ? Qui pourrait bien représenter une menace, vu que le chef de la secte semble définitivement mis hors d’état de nuire ? Ҫa donne l’impression qu’ils font une suite juste pour plaire aux fans, et souvent ça n’annonce pas une qualité démentielle.

HD_Legend_of_Korra_Wallpaper_by_Saidryian

Ce qui m’a plu : 1) Découvrir tous les descendants des héros d’Avatar, c’est vraiment fun. Et voir ce qu’ils ont fait des maîtrises que leurs parents ont découvertes (maîtrise du sang, maîtrise du métal), aussi. 2) L’humour caractéristique d’Avatar est toujours présent. Par exemple, à la place de Momo le lémurien, on a Pabu le furet… Bolin a le même rôle de pitre que Soka. L’humour intervient toujours dans les moments dramatiques. 3) J’aime bien le principe du jeu avec les éléments, c’est bien trouvé. Le seul regret que j’ai, c’est qu’ils se sont débarrassés du tournoi en deux temps trois mouvements pour se consacrer à l’intrigue de la secte, c’est un peu précipité.

Vous aurez remarqué que le paragraphe « Ce qui m’a plu » est plus court, mais vous aurez noté également que des bons points se cachent dans le paragraphe « Ce qui ne m’a pas plu ». Donc si vous avez aimé, que dis-je, adoré Avatar, le dernier maître de l’air, vous aimerez sûrement La Légende de Korra. En tout cas, moi, malgré les quelques défauts relevés, j’ai adoré.

8 octobre 2012

Parlons jeux vidéo

Professeur Layton et le masque des miracles

Je viens de voir le trailer français de Professeur Layton et le masque des miracles et, d'un coup, ce fut la révélation : ce sera sur Nintendo 3DS. Je suis un peu embêtée parce que moi, je suis restée à la Nintendo DSi. Et je ne comptais pas dépenser mon argent de manière aussi conséquente avant longtemps. Si j'ai pu emprunter la console de ma soeur pour The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D, avec Shifting World dont je vais reparler et Professeur Layton 5, je risque de lui emprunter sa 3DS de manière permanente. Et comme les prochains jeux seront certainement pour 3DS, ça ne risque pas de s'arranger. Mais le problème, c'est que la 3DS est sortie depuis un moment (je ne compte pas la 3DS XL), donc une nouvelle version sortira sûrement sous peu, donc je me retrouverai à nouveau avec un train de retard. Vous voyez comme la vie est dure. Heureusement, Pokémon versions noire et blanche 2 reste sur DS (cela dit je me pose des questions sur le bien-fondé d'un Pokémon 2. On n'avait jamais vu ça auparavant).

Shifting World

Revenons à Shifting World. C'est un jeu de réflexion paru fin septembre dans nos contrées. J'ai joué à la démo en français sur l'e-shop Nintendo, ça m'a plu, donc je me suis dit : pourquoi pas l'acheter ? Ni une ni deux, je vais à la Fnac et là, qu'est-ce qu'on me dit ? Qu'il n'est même pas dans leur catalogue. Après vérification sur le site, il n'est disponible qu'en import du Japon, donc ça vous coûte un bras et en plus vous ne comprenez rien parce que c'est en japonais. Bon... Ni une ni deux, je vais à Micromania puis à Game. Ils ne l'ont pas non plus. Booon... Ensuite, je me rends compte avec étonnement que Gibert Joseph semble avoir remplacé son rayon jeux vidéo par un rayon Blu-Ray. Résultat, sur Priceminister je peux le faire venir de Grande-Bretagne ou de Suisse. Va pour une commande par Internet. Mais, du coup, j'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi un jeu disponible en démo sur l'e-shop n'est trouvable dans aucun magasin en France. C'est une stratégie marketing franchement défectueuse, non ? Ça m'échappe.

Voilà voilà... C'étaient les questions vidéoludiques du jour. Ça va vous sinon ?

24 septembre 2012

Lectures de l'été

On m'a soufflé que l'automne a commencé il y a deux jours et que je n'ai pas posté de compte-rendu de mes lectures. J'avais complètement oublié mais ça tombe bien, parce que je me demandais ce que je pourrais bien raconter dans mon prochain article.

J’ai très peu lu cet été, pour la mauvaise raison que je devais lire des livres pour le mémoire. Comme j’ai décidé de prendre des notes chapitre par chapitre, j’ai mis beaucoup plus de temps et j’avais moins envie de m'y mettre. Mais j’ai quand même lu quelques petites choses à côté. Et, comme je suis pleine de grâces très gentille et que j'ai un sens inné de la mise en page, vous remarquerez que j'ai décidé de présenter mes lectures autrement pour que ce soit plus aéré et que vous puissiez pleinement savourer l'étendue de mon talent de critique.

 

La ballade de l’impossible
Haruki Murakami

Un homme, Watanabe, se souvient de ses premières années de fac, pendant lesquelles il a retrouvé Naoko, la petite amie de son meilleur ami (Kizuki) qui s’est suicidé à 17 ans. Une relation assez étrange s’est tissée entre eux jusqu’à ce que Naoko parte dans un établissement spécialisé où elle essaie de soigner « sa maladie ». C’est le mot employé pour dire qu’elle est suicidaire. Watanabe entretient alors une relation à distance avec elle et commence en même temps à s’attacher à une autre fille rencontrée à la fac, Midori. Le livre nous raconte la vie de Watanabe : ses sentiments vis-à-vis de Naoko, Kizuki, Midori, des gens.

En fait, j’ai du mal à faire un résumé qui donne envie de lire le livre. Comme je le décris, on dirait que c’est un bête roman où le personnage principal raconte sa petite vie (oui parce que c’est à la P1). Alors oui, c’est ça, mais il y a plus. C’est-à-dire que le personnage ne raconte pas seulement sa vie, il y a aussi toute une réflexion derrière sur la société, la vie, la mort, le passage à l’âge adulte, et tout ça m’a parlé et m’a paru très vrai. Par exemple, Watanabe est un garçon à qui personne ne parle vraiment parce qu’il passe un peu pour un ovni. Du coup, il a un regard assez distant sur ce qui l’entoure, il décrit très bien le comportement des gens, et c’est là qu’on comprend que ce n’est pas lui qui est fou mais les gens et la société. Tout le problème de Naoko est de ne pas réussir à s’intégrer à ce monde de fous.

Aussi étrange que ça puisse paraître, je trouve que le roman n’est vraiment très intéressant que lorsque Watanabe est en présence d’une femme : soit Naoko, soit Midori, soit Reiko, ou lorsque ses pensées sont plus ou moins liées à une de ces personnes. Sinon, il est intéressant, sans plus, au début du moins, parce que par la suite on est totalement dedans. En fait, ce sont ses relations avec elles (enfin, surtout Naoko et Midori) qui lui permettent d’avancer et de comprendre certains aspects de la vie. Le seul reproche que je pourrais faire, c’est l’abondance de phrases qui finissent par « n’est-ce pas ? » et « vous voyez ». Je ne sais pas si c’est parce qu’en japonais il existe des expressions de ce type qu’on retrouve à chaque détour de phrase, comme le « isn’t it » anglais, mais en tout cas je trouve ça vraiment lourd en français.

Bref, une fois de plus avec Murakami, j’ai du mal à expliquer ma pensée, mais c’est vraiment un très bon roman.

 

Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants
Kenzaburô Ôé

L’action se déroule pendant la guerre russo-japonaise, au début du XXe siècle. L’un des garçons qui constituent une troupe d’enfants d’une maison de correction toujours en mouvement depuis le début de la guerre raconte ce qui arrive à son groupe lorsqu’ils parviennent jusqu’à un village dans les montagnes : à cause d’une épidémie, les villageois quittent le village et abandonnent les enfants à leur sort. La configuration du terrain fait qu’ils sont coincés dans le village. Trois enfants ressortent du lot : celui qui raconte (qui fait en quelque sorte office de chef), son petit frère et un dénommé Minami. À part Minami, on ne connaît jamais le nom des autres enfants. La vie s’organise dans le village en l’absence des villageois. Les enfants volent leur nourriture pour survivre et s’ennuient parce qu’ils n’ont rien à faire. Ils découvrent une petite fille restée auprès de sa mère morte de l’épidémie, un jeune Coréen nommé Lee resté auprès du cadavre de son père, et un déserteur. La vie se déroule « normalement » jusqu’à ce que l’épidémie se manifeste une nouvelle fois et fasse paniquer tout le monde, puis les villageois reviennent et la sanction tombe.

Mon résumé n’arrive pas à décrire l’ambiance du roman. C’est très cru, terre-à-terre. Par exemple, avant que les villageois ne s’en aillent, les enfants ont pour tâche d’enterrer les animaux morts de l’épidémie : Ôé n’hésite pas à décrire les viscères sortant du ventre des animaux, les mouches qui leur tournent autour, les vers qui grouillent dans leurs intestins. Le sexe est présenté de manière assez vulgaire, la plupart du temps, et la pisse et les défections sont clairement évoquées. Parallèlement, on a les considérations du personnage principal sur la liberté, les hommes, la vie, la mort. On ne ressort pas de ce livre avec une très belle image de l’homme ; c’en est même un peu déprimant. En fait, j’ai vraiment du mal à développer. Je pense qu’il y avait plein de choses à comprendre mais ça m’est passé au-dessus de la tête. Du coup, je n’ai ni aimé, ni détesté et je ne sais pas trop quoi penser de ce livre.

 

L’Enchanteur
René Barjavel

Je ne vais pas faire de résumé vu que le livre raconte plus ou moins fidèlement l’histoire du Graal. Je me contenterai de dire que c’était chouette. J’ai bien aimé l’écriture (même si au début j’ai trouvé qu’il abusait un peu trop des « et » qui se veulent poétiques, j’ai oublié ces répétitions assez vite) et l’histoire, bien qu’elle s’éloigne un peu de l’originale, reste relativement fidèle. Disons que Barjavel y a ajouté son grain de sel. La seule chose qui m’a déplu, c’est lorsque Merlin donne à Bénigne des boîtes de légumes en conserve et fait même apparaître pour les gens du village un supermarché. L’insertion d’objets du futur dans l’histoire du Graal, je le prends assez mal, d’autant que je n’ai pas bien saisi à quoi ça servait. Mais bref, à part ça, j’ai bien aimé.

 

Cosmétique de l’ennemi
Amélie Nothomb

Je devais prendre un livre pas trop gros pour la route, j’ai vu ce bouquin qui traînait dans ma bibliothèque, alors je l’ai pris. Il me semble qu’Amélie Nothomb publie très régulièrement (tous les 6 mois ? un an ?), du coup la qualité très relative de ce « roman » ne m’étonne pas plus que ça. Je dis « roman » entre guillemets parce que tout le livre est en fait un dialogue où il y a très peu de narration. En fait, ce sont quasiment des didascalies. Bref, c’est donc un livre très court, dans lequel un illustre inconnu vient emmerder (c’est dit dans le livre) notre personnage principal à lui raconter sa vie dont notre personnage principal n’a strictement rien à faire, mais il est bien obligé de l’écouter puisqu’il est coincé à l’aéroport en attendant son avion qui a du retard. Arrivé presque à la fin, on a enfin une révélation, ou plus exactement une chute, que je ne vous révélerai pas parce que c’est à peu près le seul intérêt du livre, et encore. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à cette chute mais en fait, comme le début ne m’avait déjà pas passionnée, la chute et la fin (parce que la chute n’est pas à la toute fin (peut-on appeler ça une chute, alors ? Je ne sais pas mais je garde le mot parce que ça a quand même vraiment l’air d’une chute)) ne m’ont pas plus intéressée que ça. En somme, c’est un livre pour passer le temps et qui sera vite oublié.

 

Le Cycle de Merlin, T1, La Grotte de cristal
Mary Stewart

Tenez-vous bien, ce livre est le premier tome d’une trilogie qui promet. Mary Stewart reprend la légende arthurienne en la racontant du point de vue de Merlin et en donnant beaucoup moins d’importance à la magie – même si elle est tout de même présente.

Ce premier tome raconte la jeunesse de Merlin jusqu’au moment où Arthur est conçu (Merlin aidant Uther à entrer dans la chambre d’Ygraine en le faisant passer pour Gorlois). On voit donc la petite enfance du mystérieux enchanteur à la cour de son grand-père, un des rois du pays de Galles, son apprentissage de la magie, de la médecine et d’un certain nombre de choses auprès de l’enchanteur Galapas, puis sa fuite pour la Bretagne auprès d’Ambrosius, héritier légitime du royaume de Grande-Bretagne (Vortigern est un usurpateur). Il apprend d’autres choses (à construire des machines, notamment) puis s’embarque pour la Grande-Bretagne avec Ambrosius et son armée pour reprendre le royaume aux mains de Vortigern. Ambrosius étant mort, Uther, son frère, devient roi et tombe éperdument amoureux d’Ygraine.

Ce livre est excellent pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il est raconté du point de vue de Merlin, qui est présenté non comme un être exceptionnel qui sait tout avant même d’être né mais comme un homme qui est à la fois « un prince, un prophète, un poète et un ingénieur » (ce sont les mots de l’auteur) : vous voyez, très peu de magie là-dedans. Ensuite parce que je trouve que la situation politique et religieuse de la Grande-Bretagne à cette époque, avec l’empire romain déclinant et l’ascension progressive du christianisme au détriment des dieux romains et des anciens dieux, est très bien rendue. Bien sûr, l’auteur a inventé un certain nombre de choses, mais au moins tout le monde n’est pas chrétien jusqu’au bout des ongles (contrairement à Merlin l’enchanteur de Barjavel (qui de toute façon semble beaucoup plus se situer à la fin du Moyen Âge ou à la Renaissance qu’au début du Moyen Âge, mais bon)) en Grande-Bretagne dès le Ve siècle, il reste des personnes pour croire à Mithra et aux dieux des montagnes, des rivières, etc. Enfin, parce qu’on est plongé dans les intrigues jusqu’au cou : j’adore quand l’auteur décrit toutes les stratégies élaborées par les uns et les autres pour conquérir des terres, obtenir plus de pouvoir, etc. On connaît les grands du royaume, quoi, et on voit la situation évoluer au fil des années. Merlin discute avec le roi en personne, il est connu de tout le monde, bref ! il a la classe et, personnellement, j’adore suivre ce genre de personnage.

Un autre élément que je trouve très chouette dans ce livre, c’est que l’auteur joue avec les légendes qu’on connaît en expliquant comment elles se sont « vraiment » déroulées. Par exemple, le fameux combat des dragons rouge et blanc est une grosse entourloupe. En vérité, il n’y a jamais eu de dragons sous la tour que Vortigern voulait construire, c’est simplement que le dragon blanc sur fond vert de la bannière de Vortigern est tombé dans la boue à cause d’un coup de vent tandis que, dans le ciel, une étoile rouge en forme de dragon, symbole d’Ambrosius, passait. Voilà, c’est tout ce qui s’est passé, mais l’histoire a été magnifiée par les poètes et les gens présents sur place, ce qui a donné la légende qu’on connaît.

Bref, c’est un très bon roman – bien écrit, avec ça – que je conseille si on aime – ou pas, d’ailleurs – la légende arthurienne.

 

Le Cycle de Merlin, T2, Les Collines aux milles grottes
Mary Stewart

Cette fois, on reste un peu plus de 15 ans avec Merlin, c’est-à-dire le temps qu’Arthur naisse, ait 14 ans et devienne roi grâce à son épée Caliburn.

Dans ce roman, Merlin emmène Arthur en Bretagne pour qu’il soit élevé dans le secret avant de partir à l’étranger apprendre de nouvelles choses et exercer ses talents de guérisseur. Il revient en Grande-Bretagne pour trouver Caliburn et la mettre à l’abri lorsqu’Arthur a neuf ans puis il s’installe près de son protégé et lui apprend des langues, des histoires et autres petites choses. Enfin, il est temps de le faire reconnaître comme le fils légitime d’Uther. Arthur gagne une bataille, couche avec sa demi-sœur Morgause, fille illégitime d’Uther, et devient roi à la mort d’Uther, après avoir récupéré Caliburn.

Une fois de plus un excellent roman. Je ne vois pas trop quoi dire d’autre, ce que j’ai dit pour le tome 1 valant également pour le tome 2.

 

Le Cycle de Merlin, T3, Le Dernier Enchantement
Mary Stewart

Pour ce dernier tome (en fait, il y a deux autres romans qui n’ont pas été traduits (c’est scandaleux) mais ce n’est pas Merlin qui raconte), on reste avec Merlin jusqu’à ce qu’il soit un vieillard vénérable qui prend sa retraite, laissant Arthur se débrouiller avec le Graal et son rejeton, Mordred.

Merlin est le conseiller d’Arthur dans ses premières années de règne, accomplit quelques tâches fastidieuses pour lui (comme retrouver l’enfant qu’il a conçu avec Morgause, Mordred) et établit les plans de Camelot, la forteresse que veut se faire construire Arthur. Mais, les années passant, Merlin se fait vieux et n’a plus autant de pouvoirs qu’avant. Il finit par rencontrer Nimuë (qu’il prend d’abord pour un garçon), une jeune fille qui possède certains « dons ». Il lui apprend tout ce qu’il sait, puis Arthur lui dit que c’est une fille. Ils ont une histoire puis Merlin fait une espèce de syncope et tout le monde le croit mort. Il réussit à sortir de son tombeau et, comme Nimuë est désormais reconnue comme étant l’enchanteresse du roi, la fameuse Dame du Lac, il se retire et mène une existence paisible de vieillard.

Encore une fois, c’était un chouette roman. Il y a moins d’action (surtout à la fin), puisque Merlin n’est plus fait pour gambader gaiement à travers le pays, mais ça reste tout de même intéressant dans la mesure où ce n’est plus lui qui vient au danger mais le danger qui vient à lui : le poison que Morgause a mis dans son vin qu’il n’a pas su détecter et qui l’a rendu fou, les brigands qui veulent lui faire la peau lorsqu’il attend Arthur… En fait, c’est bien simple, Merlin est dépassé par les événements. Beaucoup de choses se passent dans ce roman qu’il n’a pas su prévoir ou simplement voir.

En conclusion, ce n’est pas une trilogie qui met en scène des batailles grandioses mais plutôt tout le travail « souterrain » qu’a fourni Merlin, par petites touches, tout au long de sa vie, pour qu’Arthur puisse un jour être roi et, en conséquence, unifier la Grande-Bretagne.

14 août 2012

Clannad

Coucou les amiiiiis ! Figurez-vous que j’enchaîne les addictions, cet été : d’abord, Fire Emblem 10 en mode normal pour la première fois (c’est là que j’ai compris que je suis loin d’être une bonne stratège et que mes nerfs sont fragiles) ; ensuite, l’anime Clannad (c’est là que j’ai compris que je suis une grosse pleurnicharde) ; enfin, le manga Fruits Basket (que j’ai relu parce que ça faisait longtemps que tous ces jolis petits tomes me faisaient de l’œil).

Bref. Aujourd’hui, je vais une fois de plus vous écrire un pavé que vous ne lirez pas si vous ne connaissez pas ou n’avez jamais entendu parler (ce qui va considérablement réduire mon lectorat déjà presque inexistant) de l’anime Clannad dont je parlais un peu plus haut. Et peut-être que, si vous êtes sages, vous aurez aussi droit à mon avis éclairé sur les autres dessins animés ou animes que j’ai regardés cet été.

Clannad

clannad_ete

Que vous dire sur cet anime… si ce n’est que c’est la première fois que je pleure autant devant une œuvre de fiction, tous genres confondus (dessin animé, anime, film, série, livre). C’est dire si les sentiments sont au rendez-vous.

Posons bien les choses : Clannad est un anime composé de deux saisons d’un peu plus de 20 épisodes chacune, Clannad tout court et Clannad : After Story, diffusées respectivement en 2007 et en 2008. Quand je dirai Clannad, je parlerai des deux saisons, pas seulement de la première. De toute façon, c’est un peu compliqué de ne pas parler des deux en même temps parce qu’elles forment un tout : l’une ne peut pas être vue sans l’autre ; si vous ne regardez que la première, certaines choses resteront irrésolues (la fille et le petit robot dans un monde désert, la raison des relations houleuses entre Tomoya et son père…), et si vous ne regardez que la deuxième, l’émotion sera beaucoup moins au rendez-vous. Or, la raison pour laquelle Clannad est, à mon sens, un excellent anime, c’est l’émotion qu’il provoque à la fin de la deuxième saison.

La première saison est, somme toute, assez classique. Tomoya, notre héros, est en troisième année au lycée et il rencontre Nagisa, une fille qui a redoublé parce qu’elle a été malade l’année précédente et n’a donc pas eu son diplôme. Cette fille est un petit être niais et pathétique, donc Tomoya, qui aime bien s’occuper des problèmes des autres plutôt que des siens, se met en tête de l’aider à réaliser son objectif : rouvrir le club de théâtre. Et comme Nagisa est une fille timide qui n’ose pas aller vers les autres, Tomoya n’est pas de trop. Ils s’escriment donc toute la saison à essayer d’ouvrir ce club, et c’est comme ça qu’ils rencontrent les personnages secondaires, à chacun desquels un « arc » est consacré.

Clannad 2

On a d’abord Fuko, dont je ne vais rien révéler pour ne pas vous spoiler, si ce n’est que son histoire fait intervenir le fantastique d’une manière très naturelle et que c’était plutôt bien fichu. Je l’aime bien, elle est mignonne et la fin de son arc est assez émouvante. En revanche, ses interventions répétées et répétitives jusqu’à la fin de la série cassent le rythme et sont plus gênantes que drôles. La deuxième fille à qui nos deux héros viennent en aide est Kotomi, une surdouée qui passe son temps à lire à la bibliothèque. À la base, Tomoya et Nagisa viennent lui parler pour lui demander de rejoindre le club de théâtre, mais finalement ils vont découvrir son histoire tragique et, encore une fois, émouvante. Suite à ça, elle rejoint effectivement le club. Pendant ces deux arcs, deux autres personnes se sont ajoutées au groupe : les jumelles Kyou et Ryou. Elles ne bénéficient pas vraiment d’un arc pour elles seules, les sentiments de l’une et l’autre pour Tomoya sont rapidement mis de côté quand elles voient que Nagisa est sans contestation possible celle qui a réussi à captiver le cœur de Tomoya. Oui, parce que pendant qu’ils s’occupaient des affaires des autres, leur relation a évolué et, au moment où Nagisa tombe malade et ne vient pas en cours pendant plus d’une semaine, Tomoya se rend compte qu’elle lui manque. J’aime bien ce moment, c’est assez mignon. Bon, ensuite il se passe quelques petites choses et on arrive au dernier épisode, où Tomoya avoue enfin ses sentiments à Nagisa qui se met à pleurer comme une madeleine. J’ai trouvé cette fin assez plate : il n’y a pas de grand chambardement où tout le monde court dans tous les sens, pas de malentendu ou je ne sais quoi d’autre, la déclaration arrive naturellement, sans événement spectaculaire. Du coup, c’est réaliste, mais c’est plat.

Voilà pour la première saison. Je la considère comme une graaande scène d’exposition, où tous les éléments sont posés : le caractère de chacun, les problèmes de chacun, les relations qui évoluent… Quand j’ai commencé à regarder les premiers épisodes, je me suis dit : « Bon, je vois pas trop pourquoi tout le monde encense cet anime, il est comme tous les shojos : niais. » Mais justement, ça évolue et nos deux héros deviennent vraiment très attachants. Tomoya surtout, qui est gentil avec tout le monde et aide les autres pour mieux oublier ses propres problèmes (d’ailleurs, ses problèmes ne sont abordés qu’à la fin de la saison 2, c’est dire !), et qui aime bien faire des blagues aux autres tout en affichant un air très sérieux.

Faisons une petite pause pour que je vous exprime ma grande interrogation culturelle : je sais que les Japonais ne montrent jamais leurs sentiments mais c’est quand même assez dingue la manière dont rien ne change entre Tomoya et Nagisa après que Tomoya a avoué ses sentiments à Nagisa. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils fassent des choses « osées » (on est dans un shojo, tout de même !), mais de là à ne pas s’embrasser, s’enlacer ni même se tenir la main… En fait, leur relation ne change pas d’un poil, et je trouve ça extrêmement bizarre. Fin de mon interrogation.

La première saison a duré un semestre, donc on se dit que la deuxième va durer un autre semestre, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année. Mais non. En dix épisodes, on développe d’autres personnages secondaires, Sunohara (l’ami lourdingue de Tomoya que tout le monde frappe), Miyazawa (une histoire de gangs qui se font la guerre) et Misae (je n’ai strictement rien compris à son histoire). Ces arcs ne m’ont pas vraiment plu, surtout celui de Sunohara. Ҫa fait bizarre, tout d’un coup, de voir tout morose et inactif un personnage qui jusque-là avait toujours été joyeux, insouciant et franchement idiot.

Clannad 3

Au bout d’une dizaine d’épisodes, donc, le second semestre est fini. Là, on se dit : « Damned, mais que va-t-il bien pouvoir se passer, maintenant ? Ils vont nous les montrer dans la vie active ? Dingue ! » Personnellement, je n’avais jamais vu ça dans un anime. En même temps, je n’ai pas vu énormément d’animes, mais jusque-là c’étaient toujours les histoires d’amour lycéennes un peu cul-cul la praline. Or, à partir du moment où Tomoya quitte le lycée (Nagisa redouble une fois de plus son année parce qu’elle est tombée malade pendant l’hiver), l’anime prend un tournant plus sérieux, pour ne pas dire carrément réaliste : Tomoya devient un adulte (*cris horrifiés et musique dramatique*). Il se débat pour acquérir une situation acceptable (un travail, un appartement) afin de pouvoir s’installer avec Nagisa quand elle aura enfin son diplôme. Bref, pendant six épisodes, l’anime devient de plus en plus sérieux, et c’est pendant ces épisodes qu’on acquiert la certitude que LE drame va arriver, qu’on subodorait déjà rien qu’en écoutant les paroles de l’opening. Du coup, et c’est là que je voulais en venir tout au début (oui, j’aurais mis le temps), à la fin de l’épisode 16, ce n’est pas une larmichette qui nous échappe mais un torrent de larmes. Et à partir de cet épisode, vous aurez envie de pleurer (et vous pleurerez effectivement de temps en temps) à chaque épisode jusqu’à la fin.

En parlant de la fin… elle est très étrange. Depuis la saison 1, on voyait régulièrement, presque à chaque épisode, une fille et un petit robot muet seuls dans un monde plein de boules de lumière. Au fur et à mesure, l’hiver arrive et ils essaient de partir en construisant une machine qui les emmènera loin, sinon la fille s’endormira et ne pourra plus se réveiller. Eh bien c’est précisément dans les deux derniers épisodes qu’on comprend enfin quel était le rapport entre cette espèce de monde parallèle et celui de Tomoya et Nagisa. Du coup, au lieu de la fin ultra triste qui donne envie de se suicider, on se retrouve avec un happy end, comme ça, sans prévenir. Ҫa me laisse un arrière-goût amer dans la bouche mais bon, tout plutôt que cette fin à s’ouvrir les veines !

Niveau graphisme, pas grand-chose à dire, c’est beau. Le seul reproche que je pourrais faire, c’est les visages des personnages : des grands yeux qui mangent la moitié du visage, des têtes triangulaires… je ne sais pas trop comment les décrire, mais en tout cas c’est le genre de dessin que je n’aime pas tellement. Le genre de dessin typique des shojos, en fait (Naëlle 1 : Mais pourquoi tu en regardes, alors ? Naëlle 2 : Bonne question.).

La musique est très importante dans cet anime. Certains thèmes sont récurrents dans les deux saisons et participent grandement à l’envie de pleurer à la fin de la deuxième saison. L’opening de la première saison et l’ending de la deuxième m’insupportent (je trouve que l’ending de la deuxième débute de manière trop joyeuse pour ce qui s’y passe), mais l’ending de la première saison et l’opening de la deuxième vous trottent dans la tête très longtemps après les avoir écoutés, surtout l’ending : Dango daikazoku. En plus, cette chanson revient régulièrement dans l’anime, c’est le générique d’une série pour les enfants que Nagisa adorait quand elle était petite et qu’elle a continué d’aimer en grandissant, si bien que Tomoya, qui trouvait cette chanson ridicule au départ, a fini par l’aimer aussi et la chanter. Bref, je suis fan de cet ending, même si à première vue les paroles paraissent un peu niaises.

En conclusion (oui, enfin), j’adore cet anime, même s’il a des défauts. Si vous avez l’occasion de le regarder, n’hésitez pas. Au cours de la première saison, vous vous direz : « Oui, bon, c’est sympa mais ça casse pas trois pattes à un canard non plus. » et, à la fin de la deuxième, vous vous direz : « Bon sang mais ça devrait être interdit de faire des animes aussi tristes ! »

Clannad 4

Fuko est incroyablement niaise quand il s'agit d'étoiles de mer.
Ça m'arrive d'être comme ça quand je vois Hauru, mon chat et des tas d'autres choses mignonnes.

Maintenant je vais parler très vite des deux OAV et du film. Le film est nul : l’histoire est absolument inintéressante jusqu’à la représentation théâtrale et le dessin est mauvais. Si vous tenez à regarder le film, faites-le après avoir vu la série (bien qu’il soit sorti avant celle-ci) parce que sinon vous serez spoilé sur la fin. Les deux OAV sont quelconques. Si vous aimez les personnages en question (oui parce que chaque OAV imagine l’histoire d’amour entre Tomoya et une des autres filles qui gravitent autour de lui s’il n’y avait pas eu Nagisa), Tomoyo et Kyou/Ryou, alors vous aimerez peut-être, mais moi, bien que j’aime bien ces trois personnages, j’ai trouvé ces épisodes bonus assez dispensables (et puis je trouve la manière dont agissent Kyou et Ryou vraiment malsaine).

Photo 1 : C'est toute la bande. De gauche à droite : Ryou, Tomoya, Sunohara (le blond par terre), Kotomi, Nagisa, Kyou, Tomoyo.
Photo 2 : Nos magnifiques deux héros, Nagisa et Tomoya.
Photo 3 : Les fameux Dango *air niais de Fuko*
Photo 4 : Je l'ai déjà dit...
J'ai joyeusement volé ces photos sur Google Images (mais bon, vu que ce sont des captures d'écran, je pense que ça ne gênera personne).

Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Publicité