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La passionnante vie de Naëlle
24 février 2013

Conte - L'Homme ronchon

Il était une fois un homme ronchon. N’importe quel événement un tant soit peu insignifiant constituait un motif de ronchonnerie. Le train avait du retard ? Il ronchonnait. Ses pâtes étaient froides ? Il ronchonnait. Son réveil sonnait à l’heure convenue ? Il ronchonnait. Bref, l’homme ronchon n’en finissait pas de ronchonner. Comble du malheur, l’homme ronchon habitait dans un immeuble. Et qui dit immeuble dit voisins, et qui dit voisins dit nuisances sonores. Notre homme était tranquillement assis dans son canapé, à ronchonner devant la télé qui débitait un tissu d’insanités, quand soudain il fut dérangé dans ses occupations ronchonnières par la voisine du dessus. Elle se disputait avec sa mère. Encore. Et elles criaient, hurlaient, vociféraient. Fortement incommodé, notre homme n’hésita pas à communiquer sa mauvaise humeur aux intéressées.

– C’est pas bientôt fini, ce boucan ! cria-t-il en jetant un regard courroucé vers le plafond, comme si ce dernier y était pour quelque chose.

Sa plainte ne fut semble-t-il pas entendue, car les deux femmes continuèrent de se disputer sans baisser le volume. L’homme ronchon en avait assez. Il voulait quitter cet appartement et partir loin, très loin ! Là où personne ne viendrait le déranger.

L'homme ronchon acheta une maison à la campagne. Mais le même manège recommença. Cette fois-ci, les voisins n’étaient pas en cause : il n’y en avait pas à moins de cinquante mètres. Non, le vrai problème venait de la maison, car elle abritait une tribu de souris qui se faisait une joie de courir le long des murs lorsque notre homme avait le dos tourné et de faire des trous dans tous ses paquets de céréales, de pâtes et autres aliments secs dont les souris raffolent. Notre homme ronchonna de plus belle. Il ne serait donc jamais tranquille !

L’homme ronchon décida de se faire ermite. De nos jours, ce n’était plus une activité très répandue mais, au moins, les chevaliers avaient disparu depuis longtemps. Il ne serait pas dérangé. Mais le même manège se produisit à nouveau. Notre homme se plaignait des oiseaux qui chantaient, des sangliers qui venaient labourer la terre près de sa cabane, des écureuils qui avaient élu domicile sur son toit et couraient à toute patte avant de sauter sur la branche de l’if qui osait faire de l’ombre à notre homme. Pour finir, des hommes vinrent couper les arbres, dont l’if, autour de sa cabane avec leurs tronçonneuses bruyantes. Il n’aurait donc jamais la paix !

L’homme ronchon s’exila donc au Pôle Nord. S’il était dérangé dans cette grande étendue glacée désertée de presque toute vie, alors il n’avait vraiment pas de chance. Il mourut de froid.

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Commentaires
H
Pourtant, le froid conserve.
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